Bad news : la réalité virtuelle à la rescousse des médecins

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Parce qu’un simple « désolé » ne suffit pas

Bad news : la réalité virtuelle à la rescousse des médecins

Mi-mai, des chercheurs français ont mis en place un dispositif de réalité virtuelle pour aider les médecins à annoncer une mauvaise nouvelle aux patients.

Annoncer une mauvaise nouvelle à un patient est un exercice délicat. Quels mots choisir face à un incident survenu pendant un examen, comment expliquer une erreur médicale ? Pour aider les médecins dans leur exercice, le Laboratoire parole et langage et le Laboratoire des sciences de l’information et des systèmes (LSIS) d’Aix-en-Provence ont développé un dispositif de réalité virtuelle. L'outil simule une interaction avec un patient (virtuel) auquel il faut annoncer l'apparition d'un pépin. Financé par l’Agence nationale de la recherche, le projet ACORFORMed entend bien améliorer les relations médecins-patients.

« La réalité virtuelle a pu être utilisée pour l'apprentissage du geste médical comme, par exemple, pour la formation des chirurgiens ou pour soigner certaines phobies. Mais cette fois, il s'agit d'en tirer parti pour acquérir des compétences sociales », a affirmé Magalie Ochs, enseignante-chercheuse au LSIS, interviewée par le CNRS. 

Des comédiens comme modèle

La petite scénette imaginée par ACORFORMed se déroule de la façon suivante : le médecin se retrouve face à un patient en salle de réveil. Ce dernier souhaite savoir comment s’est déroulé son examen endoscopique. Pas de chance, des complications sont de la partie et le patient se retrouve avec une perforation du tube digestif. Objectif du gastro-entérologue : apaiser le patient.

Le patient virtuel est un programme informatique intelligent qui réagit verbalement et physiquement aux propos et au comportement du praticien. Pour réaliser cet avatar, les chercheurs se sont basés sur des enregistrements vidéo provenant des centres de formation du CHU d’Angers et de l’Institut Paoli-Calmettes (Marseille) où des comédiens jouaient le rôle de malades. Regards, gestes, sourires, postures, paroles…  les communications verbales et non verbales des faux patients ont été passées au crible. Ensuite, les données ont été traitées par des algorithmes d’apprentissage et ont permis de construire des modèles de comportement et de raisonnement pour cet avatar.

De la communication dépend la guérison

Le dispositif a déjà été testé auprès de cinq praticiens. A terme, ACORFORMed sera accessible sur ordinateur, avec un casque de réalité virtuelle, ou dans une salle immersive. Mais que ceux qui ont peur de se faire agresser se rassurent : pour l’instant, le modèle de patient testé est non agressif et cherche simplement à comprendre ce qui s’est mal passé.

Ce dispositif fait écho à un rapport publié en 2008 par la Haute Autorité de Santé (HAS). Le document rappelait aux personnels de santé l’importance de l’annonce d’une mauvaise nouvelle dans leur relation avec le patient ainsi que son impact significatif sur le processus thérapeutique.

 

Source:

Im`ene Hamchiche

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