Conte de ma mère loup

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Ciné week-end : Les Bonnes Manières, de J. Rojas et M. Dutra (sortie le 21 mars 2018)

Conte de ma mère loup

Clara et Ana sont deux femmes à la dérive, sans que l'on sache vraiment pourquoi. Leurs deux solitudes se rencontrent, l'une étant embauchée pour être la nurse de l'autre, dont l'enfant doit naître prochainement. Le médecin a en effet préconisé qu'elle soit sous surveillance rapprochée, en raison d'étranges crises de somnambulisme... Un film qui peine à trouver son ton, ce qui rend sa longueur encore plus dommageable.

Curieux film que ces Bonnes Manières dont on ne comprendra jamais réellement que diable elles viennent faire au milieu de ce festival d'inventivité poétique. Commençant comme un conte social mâtiné de polar, le film oblique vite vers le cinéma fantastique, rappelant une nouvelle fois à quel point la grossesse est vectrice de fantasmes pulsionnels. Et c'est dès qu'il plante clairement son décor -d'opérette - dans les plates-bandes de tant d'autres de ses prédécesseurs qu'il perd de son potentiel, puis de son intérêt.

Cette fable brésilienne vire hélas rapidement à l'auberge espagnole, aboutissant à un fourre-tout non dénué de charme, souvent attachant mais de plus en plus prévisible - sa durée, clairement excessive, n'arrangeant rien. On suit Clara avec de moins en moins d'intérêt, les réalisateurs nous tenant obstinément à distance de tout ce qui pourrait faire d'elle un personnage mémorable. L'originalité est constamment plombée par une dimension archétypale, et l'envoûtement qui surgit régulièrement est étouffé par une artificialité gênante.

Au final, ce film sur la dévoration nous laisse sur notre faim. C'est d'autant plus dommage que la scène finale confère à l'oeuvre une tonalité tragique qui manquait jusqu'alors cruellement. C'est hélas rarement le dessert qui rehausse le menu !

Source:

Guillaume de la Chapelle

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