Dostoïevski au CHU

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Thomas Lilti nous offre avec la déclinaison de son premier succès sous forme de série bien plus qu'un reboot. En huit épisodes, avec une maestria peu commune dans l'univers de la série médicale, il autopsie une erreur médicale à grande échelle et aux multiples ramifications. A voir absolument...

Dostoïevski au CHU

L’histoire :

Allyson et Hugo débarquent dans un service de médecine interne où les seniors ont déserté, la faute à un pathogène inconnu ayant provoqué une quarantaine et une belle panique administrative. Et font face à Chloé, une interne en fin de cursus baroudeuse et control freak. Bientôt rejoints par un FFI albanais « prêté » par la médecine légale – ! – ils vont devoir faire tourner  le service comme des grands…et rapidement gérer des situations qui les dépassent! Comme dans la vie ? Oui, mais en pire : quand aucun interlocuteur ne semble capable ou disponible pour vous apprendre ce qui ne s’apprend pas à la fac, quand un système à la dérive oublie l’impératif de formation et de sécurisation des parcours, et surtout quand une loi du silence implicite règne à tous les niveaux, difficile d’éviter les drames…

 

Les enjeux :

Lilti déploie de façon encore plus fouillée et passionnante sa réflexion déjà au cœur du film : la responsabilité déraisonnable demandée voire imposée à de jeunes professionnels souvent dans le déni de l’anormalité de la situation, tant leur abnégation, leur exigence et leur habitude à subir sans broncher sont installées depuis le début de leur cursus voire font partie de leur personnalité. Avec le personnage complexe de Chloé, jouée par une Louise Bourgoin impressionnante, il va encore plus loin et s’interroge sur le degré d’impunité accordé à des médecins sans garde-fou. Ainsi que sur la tradition de solidarité et de bienveillance qui n’est jamais loin de la tentation de ne rien voir, dire ou faire. Comme d’habitude, c’est passionnant.

 

La crédibilité :

Zéro faute! Bien sûr la nécessité de narration donne parfois l’impression d’un too much, mais on se retrouve facilement dans les guéguerres entre services, ambiances de salles de garde, aberrations administratives et surtout dilemmes moraux. Et l’on prend conscience que la nécessité constante d’éviter la catastrophe, accrue par la demande implicite de pallier aux défauts grandissants d’un système vieillissant refusant de se réformer autrement qu’économiquement, est la raison principale de la souffrance actuelle des soignants

 

La qualité :

Le haut de gamme ! Ce qui ne peut que faire plaisir. Le soin accordé à la réalisation, jusqu’au générique, mais surtout la richesse des histoires sont les preuves de cette heureuse surprise : la médecine intéresse enfin la fiction française !

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