Étude de cas : le mouchage de l'extrême

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BMJ Case Reports

Étude de cas : le mouchage de l'extrême

Une Britannique de 36 ans a légèrement abusé sur l'intensité d'expulsion de l'air en se mouchant. Elle est arrivée à l'hôpital avec... une fracture de l'os planum.

A l'été 2017, une femme de 36 ans pousse les portes du North Middlesex university hospital de Londres (Royaume-Uni). Elle montre les signes évocateurs d'une bagarre au cours de laquelle elle se serait pris une bonne châtaigne dans le nez : saignements, pertes de vision et douleurs violentes du côté gauche du visage, qui irradient dans le cou. Le scanner effectué pour confirmer le pressentiment des médecins est formel : elle souffre d'une fracture de l'os planum.

Mais ce n'est pas au cours d'une bagarre, ni même d'une chute ou d'un quelconque trauma que la jeune femme s'est fracturé l'os orbitaire. Elle s'est simplement mouchée. Un cas suffisamment particulier pour justifier une publication dans BMJ Case Report le 28 juin dernier.

Tabagisme, rhume et violence

Retour sur les faits ! Alors qu'elle était au travail, la patiente s'est mouchée violemment. Très rapidement, elle a temporairement perdu la vision bilatérale. Deux heures plus tard,elle s'est mise à saigner de la narine gauche, et un gonflement s'est développé au niveau de l'oeil, du même côté. Après plusieurs heures de troubles de la vision et de douleurs faciales, elle s'est finalement rendue aux urgences hospitalières.

De manière étonnante, la fracture révélée au scanner n'est pas intervenue à l'endroit le plus fragile de l'os ethmoïde. Les médecins en place ont alors tenté d'expliquer la blessure. La femme sortait d'une semaine de rhume durant laquelle elle s'est mouchée de manière répétée, ce qui a pu fragiliser la zone. C'est également une grosse fumeuse (un paquet par jour), ce qui pourrait expliquer, au moins en partie, la fracture, estime le Dr Sam Myers, chirurgien et co-auteur du case report. "Le tabagisme modifie la pression dans les sinus des fumeurs, qui sont situés près des orbites. Ce qui a pu la rendre plus susceptible à la fracture", explique-t-il.


Source : BMJ Case Reports 2018

Sa morphologie nasale et sa technique de mouchage pourraient également avoir eu un rôle à jouer. La patiente se bouche une narine pour déboucher l'autre, avec une expiration brève et violente.

Un chir' traumatisé

Telle Hercule déviant les eaux de l'Alphée et du Pénée pour nettoyer les écuries d'Augias, il semblerait qu'elle ait utilisé les grands moyens pour se débarrasser de ce qui encombrait ses voies nasales. "Je n'ai jamais, mais alors absolument jamais entendu parler d'un cas similaire après un mouchage", s'est étonné le Dr Myers . "Tout le monde se mouche, mais personne ne pense qu'il peut éclater son oeil".

Aux dernières nouvelles, la patiente va plutôt bien. La chirurgie n'a pas été nécessaire, et après une nuit à l'hôpital et des troubles de la vision qui ont perduré un moment avant de disparaître, elle a presque complètement récupéré. Des douleurs résiduelles sur le côté gauche du crâne subsistaient lors de sa dernière consultation, mais le Dr Myers estime qu'elles devraient peu à peu disparaître.

Rien de bien méchant, au final. Sauf peut-être pour le chirurgien qui semble marqué par cette histoire. "Je me suis mouché un peu moins depuis", a-t-il avoué à Time...

Source:

Jonathan Herchkovitch

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