Extrême-droite, extrême gauche : les médecins y sont aussi

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Les médecins sont rares dans les partis situés aux extrémités du spectre politique. Encore plus dans les niveaux de responsabilité les plus élevés. What’s up Doc en a quand même déniché deux : l’une à la direction nationale du Parti communiste, et l’autre au Rassemblement bleu Marine.

Extrême-droite, extrême gauche : les médecins y sont aussi

Quand les médecins grimpent les échelons du monde politique, ils se trouvent généralement dans les partis de gouvernement. Quelques-uns ont cependant réussi à se hisser aux postes de commandement de mouvements contestataires. C’est le cas du Dr Isabelle Lorand, membre de la direction nationale du Parti communiste français (PCF), et du Dr Pierre Delacroix, responsable de la santé au sein du Rassemblement bleu Marine (RBM). Deux praticiens aux parcours bien différents.

« Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été heurtée par les inégalités », raconte Isabelle Lorand, chirurgienne viscérale dans une clinique de banlieue parisienne. Son engagement au PCF date de son adolescence. « Quand j’ai eu le cours sur le marxisme, je me suis dit : "bon sang mais c’est bien sûr", ça expliquait tout », se souvient-elle.

« Marine Le Pen m’a dit de lui faire des propositions »

La route a été bien plus sinueuse pour Pierre Delacroix. Cet anesthésiste libéral est entré en politique de la manière la moins radicale qui soit. Élu municipal centriste à Lyon dès 1995, il est ensuite passé chez Les Républicains (LR). Mais lors des municipales de 2014, il est déçu par l’accueil que ce parti réserve à ses propositions sur la santé. Autre sujet de mécontentement : le comportement de la droite autour de la loi Touraine. « Jamais, pendant les deux ans où il y avait des mouvements de médecins, un élu LR n’est monté au créneau », prétend-il.

Résultat, quand un responsable local du Front national (FN) lui propose de rencontrer Marine Le Pen, il ne dit pas non. « Elle m’a dit de lui faire des propositions », se souvient-il. Et voilà comment il s’est retrouvé président du Collectif des usagers de la santé, la branche « santé » du Rassemblement bleu Marine. En 2015, il a été élu sur la liste FN au conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes.

Si Pierre Delacroix est en charge de la santé au sein du mouvement lepéniste, Isabelle Lorand a préféré se spécialiser en politique de la ville, et non dans son domaine de compétences le plus naturel. Pourquoi ? Parce que d’après elle, ce sont les usagers qui sont les plus légitimes à parler de santé. « C’est un sujet trop souvent capté par les soignants », déplore-t-elle.

Radicaux mais pas jusqu’au-boutistes

Reste un point commun entre ces deux médecins : chacun dans son parti, ils font plutôt figure de modérés. Quand on lui cite le manifeste fondateur du Collectif des usagers de la santé, qui parle « des revendications communautaristes et du laxisme migratoire qui minent la pratique quotidienne de la médecine », Pierre Delacroix élude. « Tout le texte n’est pas de ma production », sourit-il.

Quant à Isabelle Lorand, elle n’est pas la farouche collectiviste que l’on pourrait imaginer. « Je ne suis pas pour un système uniforme », déclare-t-elle à propos de la cohabitation entre secteurs public et privé. Et les dépassements d’honoraires en libéral ? « Il y a une bonne façon d’y remédier », indique-t-elle. « C’est de revaloriser les actes. » Le Bloc n’aurait pas dit mieux.

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