Fake Science : un article WTF publié dans une revue scientifique

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Des journalistes allemands s’amusent

Fake Science : un article WTF publié dans une revue scientifique

Une revue scientifique bidon s’est faite gauler ! Elle a accepté un faux article qui ne tient pas la route après une lecture complète, même un peu rapide.

À l’heure des climatosceptiques, des flat earthers, des chemtrails ou des théories néocréationnistes sur les véritables faux fossiles de dinosaures déposés par Dieu sur Terre pour éprouver la foi des Hommes, peut-on encore s’étonner du manque de respect envers la science ? La continuité du spectre de la « recherche » – entre la science, la pseudo-science et le grand n’importe quoi –, associée à Internet où, pour le non-spécialiste, tout semble à peu près équivalent, a rendu difficile la distinction entre le solide et le fake.

Et une fois de plus, le respect est mort. Mais pour la bonne cause ! Des journalistes allemands du quotidien Süddeutsche Zeitung et de la radio NDR ont trollé une revue scientifique bidon. Ils ont soumis à publication un article rédigé par leurs soins, relatant les résultats d’un essai imaginaire : celui évaluant l’effet d’extraits de propolis – produit par des abeilles à partir de résine végétale – sur des adénocarcinomes colorectaux. Il a été publié sans sourciller, en un mois. Il a depuis été retiré.

Du bon fake

Journal of Integrative Oncology. Voilà le nom (déjà peu convaincant) de la revue qui a accepté et publié l’article. À la décharge des éditeurs, celui-ci n’est pas complètement abusif au premier coup d’oeil. Abstract, intro, méthode, résultats, discussion, conclusion, remerciements, le tout avec des références… Certes, le phrasé sonne un peu amateur qui cherche à faire scientifique, mais on peut le reconnaître : ça passe !

Mais seulement pour une lecture en diagonale. Fausses références, statistiques légères sur un faible échantillon parsèment un article qui termine en apothéose avec une conclusion générale surprenante : l'extrait de propolis est plus efficace que les chimiothérapies conventionnelles dans le traitement des cancers colorectaux. C’est génial Michel, on sort le scoop !

The Lancet, JAMA et basta

L’éditeur n’a sûrement pas lu jusque-là. La revue en question est publiée par un éditeur indien peu scrupuleux, Omics. Comme d’autres – Indiens, Chinois, Turcs… –, ils profitent de la nécessité de publication des chercheurs du monde entier pour se faire un peu (pas mal) d’argent. Ces revues, qui se comptent par centaines, acceptent des articles de chercheurs prêts à mettre un peu d’argent sur la table – quelques centaines d’euros en général – et les publient en open access, sans évaluation par des pairs.

Aucune relecture, donc. Pour preuve, la conclusion qui n’a aucun lien avec le reste de l’article : « les massages sont sûrs et recommandés pour des patients avec un historique récent de thrombose ». Les auteurs précisent tout de même qu’il vaut mieux éviter les sites tumoraux.

Source:

Jonathan Herchkovitch

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