La recertification : pour qui, comment ?

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La ministre de la Santé était aux côtés du Pr Serge Uzan pour présenter le rapport sur la recertification des médecins. Un sujet hautement risqué que le Gouvernement aborde avec délicatesse.

La recertification : pour qui, comment ?

Il ne fallait pas construire une usine à gaz, avait demandé Agnès Buzyn. Il ne fallait surtout pas froisser les médecins, s’est on certainement dit en off dans les couloirs du ministère. Le comité de pilotage de la mission, présidée par le Pr Serge Uzan, et composée d’un panel d’influenceurs du système de santé (doyens de facultés, syndicats de jeunes et de moins jeunes, Ordre des médecins, HAS, présidents de CME, DPC…) a donc monté un plan de recertification qui semble raisonnable pour tous.

« En 5 à 6 ans, 50 % des connaissances qu’ont les médecins changent », a rappelé la ministre de la Santé lors de la conférence de presse de présentation du rapport, ce lundi 5 novembre. La recertification a donc un objectif primaire : celui de garantir la qualité et la sécurité des soins. Elle s’appuiera notamment sur les nouvelles technologies, le numérique, la relation médecin-patient, le parcours de soins et la concertation pluridisciplinaire.

Les jeunes devant !

Pour ceux qui soufflent déjà de se voir imposer une nouvelle invective, et que nous entendons jusqu’à la rédaction de What’s up Doc, ne soyez pas inquiets. Le rapporteur de la mission a fortement insisté sur un point : AUCUNE OBLIGATION ! Aucune obligation pour les anciens, en tout cas… Les futurs médecins, aujourd’hui internes et qui ont subi la réforme du 3e cycle (en troisième semestre d’internat depuis ce lundi) seront les premiers concernés par la recertification obligatoire. Et en première ligne, les médecins généralistes de la promo qui a essuyé les plâtres des ECNi en 2017, lancés dans le bain dès leur études terminées, en 2021.

La mission propose des pistes, mais peu de concret. Ce que l’on sait pour l’instant, c’est que cette recertification se fera par cycles de 6 ans. Elle sera pilotée, pour chaque discipline, par les Conseils nationaux professionnels (CNP), en lien avec l’Accréditation et le Développement professionnel continu (DPC). La procédure prendra l’équivalent de 15 à 30 jours par an, et tout sera dématérialisé.

Pour l’instant, ça passe ?

Qu’adviendra-t-il des médecins qui ne se plieraient pas au processus ? À cette question posée lors de la conférence de presse, le Pr Serge Uzan a légèrement tergiversé avant de lâcher la bombe, presque gêné : il perdront leur droit d’exercer. Des procédures de rattrapage proposées par l’Ordre viendront néanmoins au secours des retardataires avant la décision couperet.

La recertification est imaginée par les médecins, sera conçue par les médecins, sera pilotée par les médecins et sanctionnée par les médecins. Avec une grande partie d’auto-évaluation, en plus ! Tout va bien, donc, pour l’instant.

Le ministère présente des pistes d'une réforme qui lui tenait particulièrement à coeur, et elle le fait tout en douceur. Elle bichonne ses médecins, et souligne un point qu’elle veut important dans la recertification : elle prendra en compte la santé et la qualité de vie des praticiens, comme le réclame le Serment de Genève.

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