Le DIU Prise en charge des violences faites aux femmes menacé

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Créé en 2018, le Diplôme inter-universitaire "Prise en charge des violences faites aux femmes" est aujourd’hui en difficulté pour trouver des participants. Pourtant, il est unique en France.

Le DIU Prise en charge des violences faites aux femmes menacé

Environ 32% des femmes victimes de violence déclarent s’adresser d’abord à leur médecin. Perrine Millet, gynécologue obstétricienne, a créé le DIU « Prise en charge des violences faites aux femmes, vers la bientraitance » l’année dernière. Elle entend ainsi « combler une lacune majeure que les soignants réclament », explique-t-elle à What’s up Doc : celle de l’enseignement de la prise en charge des femmes victimes de violences.

Le sujet n’est en effet pas enseigné, ou très peu, en formation initiale. Si la France est dans l’obligation de former tous les professionnels de santé à reconnaître et prendre en charge ces violences, aujourd’hui, il est le seul diplôme existant.

Dans la continuité du mouvement #MeToo et de la prise de conscience de la société sur les violences faites aux femmes, la formation a rencontré un vif succès. La première année, le nombre d’inscrits a dépassé le nombre de places proposées. Cependant, un an après la création de ce diplôme, il peine à recruter des participants. Une vingtaine de médecins ont pour le moment rejoint le DIU, sur un total de 75 places. Le DIU est aujourd’hui menacé de fermeture et, faute d’inscrits, il ne se déroule plus qu’à l’université Paris-Descartes. Les sites de Grenoble et Montpellier ont cessé d’accueillir les modules.

Des places à pourvoir pour tous types de professionnels de santé

Adressée aux « soignants du corps », comme elle les appelle, le docteur Millet a pensé une formation destinée aussi bien aux médecins généralistes qu’aux gynécologues (médicaux et obstétriciens), aux sages-femmes ou encore aux kinés. Elle se compose de trois sessions : deux en présentiel de cinq jours en décembre et en mars et un examen final de deux jours sous forme d’un récit de situation complexe en juin. 

Et pour répondre aux attentes de ses étudiants, elle n’a pas hésité à contacter des intervenants de prestige comme Murielle Salmona, psychiatre spécialiste des violences sexuelles et conjugales ou encore Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018. Le gynécologue congolais, qui accompagne les femmes victimes de mutilations génitales, a réalisé une intervention l’année dernière.

Une aide des universités insuffisante

La créatrice du DIU souligne l’importance de la « motivation » des étudiants l’intégrant. Pour le moment, Perrine Millet continue les démarches avec l’université Paris-Descartes pour obtenir l’intégration du diplôme au DPC. Les frais d’inscription s’élèvent en effet à un peu plus de 2000 euros. 

Cependant, elle déplore le manque de moyens. « Je suis la seule à m’occuper de ce diplôme puisque mon association Un maillon manquant ne touche pas d’argent », explique-t-elle. « Les facultés ont reversé de l’argent l’année dernière à l’association bien en deçà de l’énergie, du temps et de l’argent dépensés ».

Si vous voulez vous inscrire, ne traînez pas, la formation commence le 10 décembre. Pour plus d'informations, vous pouvez vous rendre sur le site de l'association Un Maillon Manquant.

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