Le jeu de l’oie de l’équivalence médicale américaine

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Ou les mille et une étapes pour obtenir son autorisation d’exercer aux Etats-Unis

Le jeu de l’oie de l’équivalence médicale américaine

Aux Etats-Unis chaque Etat décide des conditions à remplir pour être autorisé à exercer la médecine. Pour le médecin étranger, la plupart du temps, une seule solution : repasser tous ses diplômes. Il existe cependant quelques “special paths” pour de rares privilégiés.

 

Pour obtenir l’autorisation d’exercer aux Etats-Unis quand on est un médecin étranger, mieux vaut s’armer de courage. Le parcours “classique” commence par l’USMLE 1 : un examen en 8 heures et 300 QCM, également passé par les étudiants américains à la fin de la deuxième année. Il est suivi de l’USMLE 2 “clinical knowledge” (validant la quatrième année pour les étudiants américains), et l’USMLE 2 “clinical skills”, qui comporte des simulations avec des patients-acteurs.

Ces trois examens permettent d’obtenir le certificat de l’ECFMG (Educational Commission for Foreign Medical Graduates) permettant de s’inscrire en “residency” dans une spécialité, en envoyant CV et lettres de motivation aux chefs de service. Pour une spécialisation plus complète il y a ensuite le “fellowship”. A la fin de son "fellowship", le médecin est appelé “attending physician”.

Il existe un niveau supplémentaire, le ''board certified''. Il correspond à l'obtention d'un tampon officiel d'exercice n'importe où aux USA dans sa spécialité, en public et en privé. Pour l'obtenir il faut passer un examen de certification de la Société Américaine de la spécialité. Les étudiants américains doivent également le passer, et ils en ont peur. Comme il n'est pas obligatoire pour commencer sa carrière, la plupart attend d'avoir quelques années d'expérience pour le valider.

Raccourci pour les médecins académiques brillant(issime)s

Les médecins académiques ayant déjà un bagage important peuvent sauter certaines de ces étapes : l'équivalent du Conseil de l’Ordre américain a mis en place pour eux deux licences spéciales… avec restrictions.

Le doyen de la faculté concernée examine les demandes des candidats selon les besoins locaux. S'il le juge utile, il peut ''sponsoriser'' la licence d’un candidat, c'est-à-dire qu’il délivre une autorisation d'exercice sans avoir à passer d'équivalence. Mais attention : le titulaire ne peut travailler que dans le public et seulement dans l'université qui l'a accepté.

Il a alors un statut de ''visiting professor'' d'une durée limitée, variable selon les états (5 ans maximum en Californie). Durant cette période le médecin doit passer ses équivalences pour pouvoir obtenir une ''full medical license''. Les spécialistes doivent ensuite refaire leur internat.

La dernière étape pour pouvoir, enfin, poser la main sur un patient

Le "next step" pour (enfin) pouvoir travailler comme médecin est l'obtention du ''privilege package'' par l'hôpital recruteur. Il détermine ce que le praticien a le droit de faire, et délimite son champ d'action. Et pas question de déroger : Romain, anesthésiste-réanimateur à San Francisco, peut en témoigner.

Ses compétences avaient été validées en anesthésie générale, réanimation des traumatisés, et échographie. « Tu n'as le droit de faire aucun geste en dehors du champ de compétences validées. Je n'ai pas le droit de mettre un drain thoracique car c'est réservé aux chirurgiens, alors que j'en ai posé des dizaines. Parfois c'est un peu ridicule car je dois appeler un chirurgien qui n'en a quasiment jamais posé, et je dois le regarder galérer sans pouvoir l'aider... ».

Source:

Sarah Balfagon

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