Les députés découvrent la e-santé (et vice-versa)

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Choc des cultures au Forum parlementaire de la santé connectée

Les députés découvrent la e-santé (et vice-versa)

Ce matin avait lieu à Paris le premier Forum parlementaire de la santé connectée. Une rencontre entre législateurs et start-uppers que What’s up Doc n’aurait manquée sous aucun prétexte.

 

L’amphi de la Maison de la Chimie à Paris était plein ce matin pour le premier Forum parlementaire de la santé connectée : le microcosme de la e-santé était venu assister en masse à un alléchant face-à-face entre députés et geeks.

A ma gauche, la crème de la health tech à la française, avec en prime deux médecins-start-uppers parmi les intervenants : le Dr Guillaume Marchand de mHealth Quality et le Dr Benjamin Pitrat d’Ad Scientiam. A ma droite, des parlementaires de la majorité et de l’opposition, plutôt versés dans le domaine du numérique que dans celui de la santé.

Flou réglementaire

On s’attendait à ce que les jeunes loups de la e-santé se plaignent au législateur du carcan administratif dont ils souffrent, et ça n’a pas manqué. Dès la première table-ronde, censée être consacrée aux enjeux économiques de la santé connectée, le sujet qui fâche est abordé.

« On est dans un flou réglementaire assez fou », attaque Jérôme Iglesias, président de la commission économique et industrielle de France eHealthTech, alors que le sujet de la réglementation n’est censé être abordé que lors de la seconde table-ronde.

Lucile Blaise, représentante du Syndicat national de l’industrie des technologies médicales (SNITEM), nuance ce propos tout en le confirmant. « La réglementation n’est pas floue, elle est complexe », indique-t-elle avant d’expliquer que son entreprise a fait le choix de s’implanter en France parce que « si nos produits sont conformes à la réglementation ici, au moins on sait qu’ils seront conformes partout ».

La meilleure défense…

Les deux parlementaires invités peinent à se défendre face à ce discours bien rodé. « Il faut bien comprendre qu’il s’agit d’une réglementation mise en place à un moment où il n’y avait pas de santé connectée », avance Laure de la Raudière, députée LR d’Eure-et-Loir.

« Les complexités réglementaires ne naissent pas toujours du politique, elles viennent parfois des entrepreneurs », ajoute pour sa part Laurent Grandguillaume, député PS de Côte-d’Or qui pointe notamment les amendements prêt-à-voter préparés par l’industrie.

… c’est l’attaque ?

Entre start-uppers habitués à pitcher et députés adeptes des joutes oratoires, deux mondes se sont rencontrés ce matin. Avec parfois quelques surprises, car le plus conservateur n’est pas toujours celui qu’on croit. Face au problème de la désertification médicale, la députée Laure de la Raudière ne recule par exemple pas face aux solutions les plus radicales.

Elle n’hésite en effet pas à se fier aux algorithmes. Il pourrait y avoir « un premier diagnostic effectué par de l’analyse de données, avec une infirmière », indique-t-elle. Le médecin aurait pour sa part « un rôle de coach plutôt que de diagnostiqueur ». Effet de manche politique ? Discours brouillon ? Certainement. Consciente de la radicalité de sa position, Laure de la Raudière nuance  d’ailleurs aussitôt. « Je caricature, c’est normal, je suis une élue », sourit-elle. « Mais j’ai envie de poser le débat ».

Un débat qui, rien n'est plus sûr, est amené à se poursuivre dans les prochains mois.

Source:

Adrien Renaud

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