« Les MG ne sont pas obligés de rester coincés dans leurs cabinets »

Article Article

Arnaud Wilmet, Médecin geek hyperactif

« Les MG ne sont pas obligés de rester coincés dans leurs cabinets »

Le Dr Arnaud Wilmet mêle informatique et pratique médicale depuis son plus tendre âge. Ce généraliste, aujourd’hui installé à Kansas City (Missouri), raconte comment sa double compétence a guidé son parcours médical. Portrait.  

« J’ai toujours pris des postes qui, sur le papier, n’existaient pas vraiment… » C’est avec humour qu’Arnaud Wilmet narre son parcours de médecin, plutôt atypique. A à peine 30 ans, le voilà à la tête d’un centre de prévention médicale du 11e arrondissement parisien. C’était en 2007. Son job : « médecin manager ». Entre le responsable qualité, le gestionnaire d’équipes… et le Monsieur système informatique. Là-bas, c’est lui qui mit en place le logiciel qui allait sous-tendre toute l’organisation du centre, avec notamment l’arrivée du dossier médical informatique. Et cette transition 2.0 ne fut pas une mince affaire…

« Le corps médical est souvent réticent au changement ; moi je trouve ça rigolo. Inclure de la technologie dans la pratique m’a toujours semblé être une démarche logique ». Question de gène, peut-être : son père, généraliste, utilisait en son temps la plateforme Atari et n’en disait que du bien. « L’informatique et la médecine, pour moi, ça va naturellement ensemble. J’aime bien découvrir ces outils qui nous rendent plus performants ».

Intermédiaire clinique-informatique

En gardant un pied dans la pratique - à raison d’une demi-journée de consultation par semaine - le généraliste s’est donc attelé à faire adopter les nouveaux process aux professionnels du centre. « Je jouais le rôle d’intermédiaire entre les équipes informatiques, formatées comme des informaticiens, et les cliniciens, qui ont un tout autre logiciel. Il s’agissait de faire coïncider les besoins médicaux avec les nécessités du changement technologique », explique-t-il.

La suite de sa carrière sera du même acabit. Cinq ans après son arrivée au centre, ce généraliste, décidément anticonformiste, débarque dans une multinationale américaine basée à La Défense (Hauts-de-Seine). Autre poste, un peu abstrait : « médecin conseil » chez Cerner. Le groupe produit systèmes informatiques en santé et accompagne médecins, hôpitaux et administrations à leur utilisation. « A l’époque, la culture clinique n’était pas très développée dans l’entreprise. Or, il n’y a que des médecins qui puissent parler à des médecins… » Là-bas, il apprend donc aux équipes de vente et de démonstration des logiciels à s’adresser aux médecins, à intégrer la dimension clinique dans leur discours, à changer de paradigme quand il s’agit d’appliquer ces technologies à la pratique médicale. Il jongle entre ses consultations généralistes à Paris et son activité de « référent médical » dans une tour. Il transforme les démonstrations de logiciels pour que les professionnels de santé puissent se les approprier - mieux, les apprécier.

Au pays de la santé numérique

« Au bout de cinq ans, j’étais en zone de confort, il fallait que je bouge ». Dr Wilmet l’hyperactif a donc bougé. Il a fait ses valises, embarqué sa famille et pris l’avion. Direction Kansas City dans le Missouri (États-Unis). Le programme de mobilité interne de son entreprise lui permet d’occuper le même poste outre-Atlantique. Là, il s’imprègne de la médecine informatique à l’américaine, résolument en avance par rapport à la France. « Ici, la télémédecine existe depuis belle lurette ! Le parcours patient intègre beaucoup d’outils informatiques, au service de la prévention davantage qu’au curatif, ce qui est passionnant ». Il veut apprendre toutes ces innovations et exporter son savoir dans son pays natal, qu’il regagnera en 2019. Puis qui vivra verra.

« Avoir une double compétence me semble essentiel et je crois qu’on ne le montre pas assez, pendant nos études de médecine, très hospitalo-centrées. C’est encore plus le cas de la médecine généraliste : on n’est pas obligé de rester coincé dans nos cabinets ! On peut travailler dans l’industrie pharmaceutique, dans les systèmes de santé… Pour donner envie aux jeunes d’être généraliste, il faut peut-être leur ouvrir d’autres champs de perspective. La polyvalence, c’est la clé ! », conclut-il. 

Source:

Marion Guérin

Les gros dossiers

+ De gros dossiers