L’ubérisation de la santé fait chauffer la salle

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Retour sur la soirée de lancement de HealthShapr le 28 janvier dernier

L’ubérisation de la santé fait chauffer la salle

La e-santé était à l’honneur la semaine dernière lors de la soirée de lancement du programme d’aide au développement de projets e-santé HealthShapr. Organisé en partenariat avec What’s Up Doc, cet événement a permis de revenir sur la grande question de société du moment : celle de l’ubérisation.

 

La fine fleur de la e-santé française était réunie le 28 février dernier à Paris, autour des équipes de Wellfundr et IBM, pour le lancement du programme HealthShapr. Parmi les participants, on comptait de nombreux médecins ayant déjà développé de beaux projets e-santé : Didier Mennecier d’Hépatoweb, Alexis Astruc et son projet MyCardioPad, ou encore Juan Sebastián Suárez Valencia, co-fondateur de Bress Healthcare… Ceux-ci ont pu apporter leur expérience, partager leur enthousiasme mais aussi décrire la réalité des difficultés concrètes pour aboutir.

Une table ronde animée par Matthieu Durand, directeur de la rédaction de What’s Up Doc, posait la question aussi fashion que touchy : « professionnels de santé et patients vont-ils ubériser la médecine ? » Une interrogation à laquelle les jeunes médecins ont déjà apporté un bout de réponse : seuls 5% des 250 lecteurs ayant répondu à notre sondage organisé à l’occasion du lancement de HealthShapr pensent que la médecine ne pourra être ubérisée ni partiellement, ni complètement.

Des attentes importantes

Les nouvelles technologies font rêver les professionnels de santé, notamment grâce aux gains de temps envisageables en termes d’activités non cliniques, ainsi que l’a évoqué Olivier Mangin, président de l’Amicale des Jeunes Internistes et créateur d’une plateforme d’e-learning médical collaborative (ENEMI).

La technicité grandissante du métier et la surspécialisation à haut niveau appellent à de nouveaux outils, comme l’a rappelé Isabelle Zablit, Business Development Director chez Wellfundr. Ceux-ci sont attendus avec impatience par les médecins, encore « inquiets pourtant de voir le fax perdurer dans leur bureau, quand le wifi se fait attendre », pour citer Matthieu Durand.

D'autant que pour Nora Benhabiles, Manager Program, Health sector, CEA List & Interim Director Innovation chez EIT Health : "la France ne manque pas de créativité, de talents - peut-être plus que certains pays européens - mais il y a ensuite un frein à la transformation en entreprise qui nous pénalise."

La peur de la digitalisation avant celle de l’ubérisation

Ces nouvelles technos font pourtant peur : la déshumanisation, voire le transhumanisme sont autant de repoussoirs. Cécile Monteil, urgentiste pédiatrique et fondatrice du groupe Eppocrate, a d’ailleurs rappelé la nécessaire réflexion éthique sur les objectifs des prises en charge proposées aux patients, qui vont évoluer avec les outils e-santé.

Yvanie Caillé, fondatrice et directrice de Renaloo, a quant à elle repositionné le rôle des patients : « ils ont le pouvoir de l’usage ». Autrement dit, pour que ça marche, l’usager doit y trouver un intérêt ! Et il pourra de plus en plus l’exprimer directement. Et si le patient veut des soins de qualité et les moyens les plus efficients, il attend encore beaucoup de la relation à son médecin.

Aussi l’ubérisation de la santé pourquoi pas, mais pas sans l’humain…

Source:

Alice Deschenau

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