Publier sans base de données, est-ce possible ?

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Pour les prestidigitateurs spécialistes de l'illusion, pas besoin d'une base de données pour passer les portes de la publication !
Mais attention, À regarder de plus près, pas si facile...

Publier sans base de données, est-ce possible ?

La grande majorité des publications reposent sur des bases de données rétrospectives ou prospectives, randomisées ou non. Ceci implique d’avoir à disposition dans le service une ou plusieurs bases qui ont été mises en place par un prédécesseur et sont régulièrement nourries par le travail de tout un chacun… ou, si vous en avez la chance, par les soins d’un(e) attachée de recherche affectée au service.

Évidemment, en l'absence d’initiative préalable dédiée à la réalisation d’une telle base de données, la charge de ce travail initial pourrait vous incomber…

Alors, que faire quand on n’a ni le courage, ni l’envie, ni la folie de s’y atteler mais que l’on souhaite pourtant réellement publier ? Peut-on encore écrire sans base de données aujourd’hui?

« OUI ! » A contrario des idées préconçues, « OUI », c’est possible. Mais la fenêtre de tir est étroite…

Alors, voici quelques pistes pour quand même réussir à se faire publier.

Le case report, sujet déjà abordé (cf. WUD#1 et #9), fait partie des possibilités sous réserve d’une réelle originalité et sans garantie sur l’acceptation dans un journal digne de ce nom.

Un article de technique, de fait pour les spécialités à actes techniques, qui se base sur la description d’une innovation technique originale, reste « publishable ».

L’article doit être court, concis et centré sur la description et le caractère innovant… qui doit cependant être de taille. De sorte que, tout le monde n’étant un génie, la publi n’est pas garantie.

Un travail de recherche expérimental, par exemple la modélisation animale d’une pathologie, peut être une option très rentable car pouvant être l’objet de plusieurs publications: sur la méthodologie de mise au point du modèle, puis sur les résultats originaux obtenus, enfin sur l'analyse bibliographique rendue nécessaire par la recherche.

Une pierre, trois coups. Pas mal !

Une revue systématique de la littérature, sans méta-analyse, représente une autre opportunité d’écriture accessible. Elle a pour but de faire le point sur une prise en charge, une technique à partir d’articles publiés sur un sujet précis. C’est le fameux « State Of The Art » dont l’objectif est l’information et la formation des lecteurs en synthétisant les nouveautés et les articles de référence sur le domaine. Même si un expert du sujet aura toujours plus de légitimité, rien n’empêche de le tenter en version plus compilée, plus concise, exhaustive, légèrement réorientée avec une vision analytique critique. Cette « review » fera de nous un expert à notre tour, sans l’être nécessairement publiquement.

Qui sait de quoi est fait demain ? N’oublions pas que la valeur de ces revues de la littérature grandit jour après jour et sont mêmes devenus les articles les plus cités !

Un éditorial ou un article d’opinion, qui, même écrit en général sur invitation de l’éditeur ou, tout du moins, après son accord, reste accessible à chacun et constitue un exercice d’écriture réalisable.

L’objectif est de faire un point bref sur un sujet très ciblé de façon concise et impartiale, en terminant par une conclusion qui reflète la sensibilité de l’« Editorial Board ». Travail de style, donc ! Si les éditoriaux sont plutôt rédigés par des médecins de forte notoriété, rien n’empêche quiconque d’essayer et de commencer par rédiger une lettre à un éditeur de journal scientifique en lui faisant part de façon constructive d'une opinion sur tel ou tel article récemment publié dans son canard.

Alors, on l’aura compris, si l’article original nécessite l’indispensable base de données, en attendant de la créer, il nous est déjà possible de bien publier ! Encore faut-il vouloir bosser…

 

Christophe Mariette est PU-PH de chirurgie viscérale (Lille). Reviewer de nombreuses revues chirurgicales ou d'oncologie (The Lancet Oncology, The Annals of Surgery, British Journal of Surgery…).

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