Retour sur le dossier de Têtu : « Faut-il choisir un médecin gay-friendly ? », 02/2011

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Un lecteur écrit À Têtu pour raconter qu’À 19 ans, après avoir fait son coming-out À sa famille, son père l’avait amené chez le médecin. La praticienne lui aurait expliqué qu' « un homme doit aimer une femme et fonder une famille. Tu ne seras pas heureux en étant tout au long de ta vie un homosexuel ».
Têtu lance alors un appel À témoins et Christophe Bougnot, journaliste, s’empare du sujet. Presque 2 ans plus tard, il revient avec nous sur ce dossier.

Retour sur le dossier de Têtu : « Faut-il choisir un médecin gay-friendly ? », 02/2011

Pour Christophe Bougnot, la réaction de ce médecin est l’une des pires qui aient été rapportées au magazine. Il explique que les patients homos se plaignent surtout de discriminations, de gestes et remarques inappropriées.

Deux situations sont récurrentes : le médecin qui juge son patient à cause de sa sexualité et le médecin qui, une fois informé de l’homosexualité, ne considère plus son patient qu’à travers ce prisme, quoi qu’il en coûte au raisonnement médical… Un patient raconte par exemple avoir consulté pour des symptômes évocateurs de « chaude pisse ». Il s’explique à son médecin.
Ce dernier visiblement gêné ne l’examine pas et prescrit 3 antibiotiques… Sans amélioration et peu rassuré par cette consultation, il va chez un médecin gay qui l’examine et conclut à une simple irritation par excès d’usage de savon !

Et quelle réponse alors Christophe Bougnot donnerait à cette enquête ?
« À la lecture des témoignages, les homos arrêteront de chercher un médecin gay le jour où tous les médecins seront friendly !
Ce n’est pas par envie d’un médecin qui leur ressemble qu’ils cherchent un médecin gay, ou plutôt gay-friendly, mais bien parce qu’ils ont eu de mauvaises expériences avec d’autres. »
En somme, il ne s’agirait pas là d’une volonté de nourrir une forme de communautarisme mais bien d’une réaction à une sorte d'insatisfaction.

Mais revenons à la question : serions-nous donc bien homophobes ? Et si oui, en quoi ? « Ce sont surtout des indélicatesses de langage, une méconnaissance du milieu gay et des pratiques sexuelles. Les médecins ont encore trop souvent des représentations stéréotypées confondant le statut d’homosexuel avec les pratiques homosexuelles, sans notions sur l’hétérogénéité de la population gay. »

Donc STOP aux équations : homos = backrooms !

Christophe Bougnot nous livre un message pour les jeunes médecins concernant la principale attente de la population gay envers eux : « Ils doivent se montrer à l’écoute de leurs patients sans devancer le sujet de leur homosexualité ». Le problème se situe avant tout au niveau de leur capacité d’écoute. C’est la raison pour laquelle les homos cherchent en priorité des médecins gays ou des médecins femmes. Ils espèrent tous trouver chez eux plus de psychologie et de finesse.

« J'ajouterai que les médecins, les jeunes médecins, ont l'obligation de s'informer et d'avoir une bonne capacité de diagnostic, mais, en fait, que cela soit sur l’homosexualité ou autre chose, c’est pareil, non ? » Donc pas d’excuses recevables ! On se doit de connaître un minimum les différentes pratiques homosexuelles, les risques qui s’y associent, etc.

« Les patients appellent leur médecin à un équilibre entre la capacité à parler de leur homosexualité et celle de ne pas en faire l’objet principal de toute visite ou origine de symptômes. » C’est sans doute l’équilibre à bien retenir pour notre pratique.

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