Sauvetage des migrants : MSF refuse les nouvelles règles

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Le port d’armes dans les bateaux ne passe pas

Sauvetage des migrants : MSF refuse les nouvelles règles

Médecins Sans Frontières (MSF) a refusé lundi de signer le code de conduite proposé par le gouvernement italien et plébiscité par l’Union européenne. Pour l’ONG, qui a secouru en Méditerranée près de 6 500 migrants entre janvier et avril 2017, les nouvelles règles de sauvetage en mer posent question.

MSF, Jugend Rettet, Sea-Watch, Sea-Eye et SOS Méditerranée. Ces cinq organisations ont boycotté lundi la réunion des ONG avec le gouvernement italien. Toutes refusent de signer un « code de conduite » en douze points. « Les règles maritimes sont une chose centrale, nous n’avons pas de garantie suffisante sur le port d’armes à bord de nos navires par des policiers italiens, » a indiqué à l’AFP Tommaso Fabbri, chef de mission MSF en Italie.

MSF va continuer ses opérations

Le code de conduite exige en effet la présence d’un policier qui pourrait être armé à bord des bateaux de sauvetage. Or, les médecins humanitaires ont toujours refusé la présence d’armes dans leurs centres et hôpitaux de campagne. Le code vise également à interdir aux ONG de s’approcher des eaux libyennes. A côté, les passeurs, qui connaissent la position proche des sauveteurs en mer, n’hésitent pas à envoyer les migrants dans des embarcations de plus en plus frêles, sans eau ni carburant.

Ainsi, 90 % des migrants provenant d’Afrique embarquent en Libye. Pour cette raison, depuis 2015, près d’une douzaine de navires humanitaires patrouillent au large du pays, selon les garde-côtes italiens.

MSF explique donc vouloir continuer ses opérations, mais sans parapher le texte de la discorde. « Nous ne pouvons pas signer le code de conduite dans sa forme actuelle bien que nous en respections déjà de nombreuses dispositions telle que la transparence financière », déclare Annemarie Loof, responsable des opérations de MSF, dans un communiqué de l’ONG. Cette dernière ne cache pas son inquiétude face à l’impact éventuel de ces nouvelles règles. 

Le transfert de migrants entre bateaux humanitaires prohibé

Par ailleurs, une autre des dispositions du code pourrait diminuer l’efficacité des missions de sauvetage, selon les humanitaires. Il s'agit de l'obligation imposée aux ONG de débarquer les migrants secourus dans un endroit sûr, interdisant le transfert vers d’autres bateaux. Cette pratique est pourtant largement répandue aujourd’hui. De plus, ces transferts sont actuellement supervisés par les autorités italiennes, via le Centre de coordination et de sauvetage maritime, situé à Rome.

Le ministère de l’intérieur italien a indiqué dans un communiqué que la non-signature du code de conduite écarterait les ONG d’un « système institutionnel de sauvetage en mer. » Reste à savoir ce que cela signifie... 

Plus de 12 000 personnes sont mortes en mer Méditerranée

« Ces va-et-vient de tous les bateaux aux points de débarquement conduiront à une réduction de la présence de navires dans la zone de recherche et sauvetage », conclut Médecins Sans Frontières. Cela alors même que les ONG portent 35 % des opérations de sauvetage. 

Selon Human Rights Watch, depuis début 2014, plus de 12 000 personnes sont mortes en mer Méditerranée.

Source:

Thomas Moysan

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