Spécial été : faut-il partir en vacances ?

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`A peine le mercure s’affole que, de lits fermés en secrétariat aux abonnés absents jusqu’au 15 septembre, l’envie de vacances se fait aussi pressante que l’appel de la pinte post-astreinte.

Spécial été : faut-il partir en vacances ?

Prendre des vacances, est-ce bien raisonnable ? Le long chemin jusqu’à la carnation « emoji caca » n’est-il pas semé d’embûches ? Entre sangria frelatée, plans galères en studinette au Cap-d’Agde et choppes en double aveugle sur le dancefloor du camping, les vacances prennent parfois l’allure d’un grand barbecue satanique. Heureusement, Science est mer (turquoise) de prudence à qui on ne la fait pas : du haut de son expertise de 470 semaines de congés grugés, votre comité scientifique favori a épluché la littérature des Holidays. Un Poubmed à glisser dans la Samsonite® avant de sauter dans le premier Easyjet venu.

Sea, Sex and Syphilis

Terre promise pour débusquer ce que 80 ans de congés payés ont fait de pire, Ibiza est le biotope idéal de la recherche sur les vacances. Prenez 1 500 British tout hot et trempez-les dans le bouillon de culture(s) des Baléares, ça-vous-donnera-un-échantillon-tout-chose ! Véritable plébiscite pour l’hédonisme calibré NRJ 12, le sexe est la 3e motivation de départ, après la musique et la météo1.

Faites vos jeux : partir pour l’île des tentations, c’est avoir grosso modo : une chance sur deux de faire du holiday fuck « avec au moins une personne », que l’on parte célibataire ou pas, et la même probabilité de prendre une drogue illicite. Un chanceux sur dix rapporte même avoir eu plus de six partenaires (séjour médian : sept jours). L’éthique nous fera préciser que nous n’avons pas vérifié sur preuves photographiques lesdites assertions.

Work Hard, Play Hard 

Comme à Galaswinda2, des cases des GM* à celles des GO*3, il n’y a que quelques pas ; et les saisonniers n’ont pas à rougir en termes de débauche. Plus de 80 % consomment des drogues, et – une fois (ou plusieurs…) n’est pas coutume – près de la moitié des barmens/gogo danseuses/artistes de nuit prennent des substances qu’ils n’utilisent jamais dans leur pays natal4. Avec plus de la moitié d’entre eux se shootant à la kétamine – soit, à vue de nez, la même prévalence que chez nos amis anesthésistes – on comprend mieux quelle ardeur hallucinante (ou hallucinée ?) ils montrent dans la confection des mojitos.

Cruel Summer

Soleil + Drogues + Sexe = un cocktail bien connu de la télé-réalité, mais il manque l’ingrédient indispensable à l’audimat : le « clash ». Besoin d’un peu d’action ? Pas besoin d’aller dans le Triangle des Bermudes ou pire, le rayon bermudas de Décathlon®, pour éprouver le grand frisson, puisque c’est toujours aux Baléares que ça se passe. Mais pas n’importe où !

Fréquenter des lieux à la musique tonitruante proposant de l’alcool à prix discount et animés par des « entraîneuses » est associé à plus de risque de rentrer avec un cocard à justifier (« Tu sais Maman, on visitait un site antique, et là, l’accident bête… »)5.

La littérature se fait aussi silencieuse que Gala depuis ce tube de l’été 966 sur les effets non moins violents du syndrome de la rupture post-amour-de-vacances. Les cardiologues lui préfèrent le Holiday Heart Syndrom (HHS), à ne pas confondre avec un Tako-Tsubo secondaire aux adieux de fin de vacances avec Roberto(a). Le HHS peut lui aussi donner des palpitations, mais elles sont plus souvent liées à des arythmies aiguës post-ingestion massive d’alcool. Sa description initiale est faite dans des cas de binge drinking familiaux de Noël7, une autre période à risque pour la santé.

Le travail, est-ce la santé ?

Si partir se dorer la pilule la fleur de monoï au bout du fusil n’est pas sans risque, faut-il pour autant raccrocher sa fouta** et rester au frais sous la clim’ du Relais H ? Pour une fois demandez l'avis des confrères orthos (chinois) : 94 % travaillent plus de 8 heures 6 jours/7, et 25 % plus de 12 heures par jour, jours fériés et vacances nationales comprises8. Des vocations de fer mises à rude épreuve, puisque la majorité ne s’orienterait pas vers une carrière médicale si c’était à refaire, et ne le souhaite pas à leurs enfants.

Ayons donc une pensée pour le cri du coeur des orthos chinois à l’heure où l’hosto tourne déjà au ralenti depuis le 1er mai : vive les vacances !

 

 

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*GM = gentil membre ; GO = gentil organisateur

** fouta = drap de bain utilisé comme paréo, grosse tendance été 2014.
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Source:

1/ Bellis et al. Sexual Behaviour of Young People in International Tourist Resorts, 2004 –

2/ Les Bronzés et al. Y a du soleil et des nanas, 1978. Aucun conflit d’intér^et avec le Club Med®, malheureusement.

3/ Kelly et al. Work Hard, Party Harder: Drug Use and Sexual Behaviour in Ibiza, 2014 –

4/ Hughes et al. Predictors of Violence in Young Tourists, 2008 -

5/ Gala, Freed From Desire, 1996 –

6/ Tonelo et al.Holiday Heart Syndrome Revisited After 34 Years, 2013 –

7/ Blanc et al. Le Bronzing : enfin une drogue légalisée et gratuite ? Poubmed, 2015. (L’autocitation, le secret des meilleurs) –

8/ Ma et al. What is the work environment of orthopaedic surgeons in China? Clin Orthop Relat Res. 2014.

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