Un cas, en 2020 : Arnaud, 56 ans
Arnaud, de phototype clair, décide d’envoyer par télémédecine la photo d’une lésion dermatologique d’apparition récente qui l'inquiète. L’intelligence artificielle se déclenche, permettant de préciser des éléments en rapport avec la lésion.
Antécédents médicaux/familiaux de mélanome ? Vitesse d’apparition ? Une pré-analyse de l’image détecte une forte probabilité de malignité et signale au patient qu’une consultation en dermatologie doit être faite rapidement. Le système réserve, aussitôt après la confirmation d’Arnaud, une consultation dans un centre spécialisé. Sans forcément être anxiogène, une information adaptée lui est alors délivrée concernant la nécessité de respecter ce rendez-vous. Arnaud fait une biopsie de la lésion, analysée par un pathologiste à distance et vérifiée par un autre système d’intelligence artificielle qui corrobore l’impression diagnostique initiale. Un protocole de soins est établi afin de maximiser ses chances de survie.
(Cliquer sur l'image pour agrandir)
Un parcours de soins :
1/ Téléconsultation
Médecin Direct, Epiderm.co, Medaviz, Medicitus…
Législation : Décret n° 2010-1229 du 19 octobre 2010 relatif à la télémédecine / Les actes admis en téléconsultation : article R.6316-1 du Code de la santé publique
2/ Qualification (précision) des questions du patient, qui sont souvent imprécises
Médecin Direct
3/ Analyse de l’image
Dermatologist-level classification of skin cancer with deep neural networks :
https://www.nature.com/articles/nature21056,
https://www.webmicroscope.com/
4/ Prise de rendez-vous
Doctolib, MonDocteur, KelDoc
5/ Orientation dans le parcours de soins
https://orcahealth.com/patient-experience
Télédermatologie
La dermatologie, comme la radiologie, se prête bien à la digitalisation. Les statistiques à ce sujet confirment l’intérêt croissant pour cette pratique. Malgré les éventuelles limites, il serait naïf de penser que cette pratique sera abandonnée. La démographie médicale présente et future va inexorablement mettre le système de soins sous pression pour valider ces outils. What’s coming ?
- La création d’une cotation cohérente (ou pas) avec les attentes des médecins.
- Des applications sécurisées et ergonomiques pour éviter des transferts par WhatsApp, Telegram ou Twitter.
- Une méthodologie pour structurer les échanges (anamnèse) avec le grand public ou entre professionnels de santé.
Pour en savoir un peu plus sur le sujet, on vous conseille de suivre Robin Ohannessian (médecin de santé publique, société française de télémédecine, télémédecine 360).
Intelligence artificielle
Le mot est dans toutes les bouches. Le Conseil de l’Ordre s’y est intéressé*. Concernant la dermatologie, la revue Nature a publié un article sur la détection des lésions cutanées susceptibles d’être des mélanomes. L’outil de réseaux de neurones était efficace avec une aire sous la courbe ROC de 0,96. Cela ne s'arrêtera probablement pas là, car l’identification des lésions par simple photo s'associera à l’intégration d’une anamnèse « pré-image » et aux recommandations de prise en charge, pour offrir le meilleur parcours de soins au patient. Cette évolution confortera le médecin comme soignant, par la validation des résultats proposés mais surtout par le dialogue singulier et l’accompagnement du malade.
La télémédecine et l’intelligence artificielle sont deux concepts qui vont de pair, car les images qui transiteront par les plateformes de téléconsultation vont alimenter les algorithmes pour qu’ils soient de plus en plus performants.
En conclusion
Le médecin se distinguera de la machine par son humanité. Il ne s’agit pas pour nous d’être remplacés. Nous aurons à garder notre statut de soignants vis-à-vis de patients à informer sans alarmer ni hyper-rationaliser et à accompagner sans paternaliser.
*Médecins et patients dans le monde des data, des algorithmes et de l’intelligence artificielle. Analyses et recommandations du Cnom.