Urgences : le miel à la rescousse

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Simple et efficace

Urgences : le miel à la rescousse

Pour limiter les dégâts provoqués par l’ingestion de piles rondes, des chercheurs américains conseillent aux parents de faire manger du miel à leurs enfants. En attendant le retrait par endoscopie, y’a pas mieux !

L’ingestion de piles par des enfants est fréquente : environ 1 200 d’entre eux, âgés de moins de cinq ans dans neuf cas sur dix, sont reçus aux urgences chaque année. À tel point que l’Anses, la DGS et les Centres antipoison avaient publié des recommandations en décembre 2017 pour les parents.

Des ORL de l’Hôpital pour enfants de Philadelphie (États-Unis) en ajoutent une, peut-être salvatrice pour des parents inquiets : faire manger du miel à l’enfant. L’astuce pourrait aussi s’avérer utile pour des médecins régulateurs ou des urgentistes, en attendant la prise en charge et le retrait de la pile par endoscopie.

2 cm, 3 V

28 juillet 2017. Le Dauphiné rapporte le décès de Faustine, 3 ans, un an après avoir avalé une pile au lithium. La petite pile ronde était restée coincée dans son oesophage, et avait provoqué une fistule oesotrachéale. Une prothèse, un an de soins et plus d’une vingtaine d’interventions n’avaient pas suffi. Elle est décédée à la suite d’une hémorragie oesophagienne aiguë.

Dans plus d’un cas sur huit, l’ingestion de piles plates provoque des complications. Principale responsable des accidents, d’après les chercheurs américains : la pile au lithium de 2 cm de diamètre et de 3 V. Au contact des tissus oesophagiens et de la salive, en seulement quelques minutes, une hydrolyse des muqueuses se met en place, causant un dégagement d’hydrogène (inoffensif) et d’une solution alcaline qui attaque l’oesophage.

Miel 1 - 0 sucralfate

L’idée des ORL a été de chercher dans les produits du quotidien une substance qui permettrait de limiter la réaction. Ils ont tenté plusieurs composés acides : jus de citron, de pomme, d’orange, quelques boissons transformées (Powerade, Gatorade). Si les trois premiers ont rendu des résultats limités, c’est avec le miel qu’ils ont été les plus convaincants : lors de tests effectués sur des jeunes porcs, aucun d’entre eux n’a développé de complications, contre la moitié de ceux du groupe de contrôle. Le miel a même fait un peu mieux que le sucralfate, également testé !

Les deux maintiennent un pH bas, et forment une barrière protectrice entre la pile et les tissus. Ils limitent ainsi à la fois la localisation des lésions, et leur sévérité. Le protocole est simple : l’ingestion fréquente de petites doses de miel jusqu’à la prise en charge aux urgences.

Recos officielles

« Les résultats de notre étude vont être immédiatement inclus à la pratique clinique, et incorporés aux dernières recommandations du centre national antipoison pour la prise en charge des ingestions de piles plates », explique Kris Jatana, pédiatre et ORL au Children's hospital de Philadelphie, et l’un des auteurs de l’étude, publiée en ligne dans la revue Laryngoscope.

Avec, cependant quelques contre-indications : les allergies au miel, une suspicion de sepsis ou de perforation de l’oesophage. Les chercheurs déconseillent aussi d’en administrer aux enfants de moins d’un an, en raison d’un léger risque de botulisme.

Source:

Jonathan Herchkovitch

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