Kate Middleton suit une « chimiothérapie préventive » contre le cancer. Qu’est-ce que cela veut-dire ?

Article Article

Kate Middleton, princesse de Galles et épouse du prince William, héritier du Royaume-Uni, a mis un terme la semaine dernière aux spéculations concernant sa santé, en annonçant souffrir d’un cancer. Dans une vidéo de deux minutes destinées à remercier ses abonnés sur les réseaux sociaux pour leurs messages de soutien, la princesse a expliqué que « les analyses effectuées après l’opération [de chirurgie abdominale] ont révélé la présence d’un cancer. »
Que signifie « chimiothérapie préventive » ? Dans quel contexte ce type de prise en charge peut-il s’avérer efficace ? Voici ce que nous pouvons en dire.

Kate Middleton suit une « chimiothérapie préventive » contre le cancer. Qu’est-ce que cela veut-dire ?

Kate Middleton a annoncé son cancer.

© DR

Il ne s’agit pas d’un remède contre le cancer

Il est désormais scientifiquement bien établi qu’adopter un certain mode de vie permet de limiter le risque de survenue de cancers. Faire du sport, adopter un régime alimentaire sain, se protéger du soleil… toutes ces actions ont fait montre de leurs bénéfices.

Dans des cas très spécifiques, l’administration de certains médicaments peut aussi être envisagée. C’est par exemple le cas du tamoxifène, qui bloque les récepteurs aux œstrogènes dont sont pourvues certaines cellules cancéreuses. Cette molécule peut être administrée aux patientes dont le risque de cancer du sein est très élevé.

Les travaux évaluent également l’intérêt de l’aspirine pour les personnes à haut risque de développer un cancer du côlon ou certains autres cancers.

Toutefois, dans le cas présent, il ne s’agit pas de ce type de thérapie.

En quoi une chimiothérapie peut-elle être préventive ?

Dans le contexte de la prise en charge d’un cancer déclaré, la chimiothérapie préventive se réfère à l’administration de médicaments anticancéreux après suppression des cellules cancéreuses. L’objectif est d’empêcher la maladie de se réinstaller.

Il faut savoir que lorsqu’un cancer est localisé, autrement dit limité à une région donnée du corps, et que l’imagerie (scanner) n’a pas mis en évidence de propagation à d’autres sites, il est possible de venir à bout de la maladie grâce à des traitements tels que la chirurgie ou la radiothérapie.

En revanche, si la maladie a été détectée après qu’elle se soit propagée à d’autres parties du corps, les cliniciens optent pour des traitements qui vont circuler dans l’ensemble de l’organisme. C’est le cas des chimiothérapies (médicaments anticancer), des traitements hormonaux, ou des immunothérapies.

Les chimiothérapies peuvent également être utilisées via une autre approche, qui consiste à les administrer avant ou après une chirurgie ou une radiothérapie. L’idée est alors d’empêcher le cancer initial de revenir. En effet, si la chirurgie peut permettre d’éliminer l’intégralité des cellules cancéreuses, il peut aussi arriver dans certains cas que des cellules aient pu passer dans la circulation sanguine et ainsi s’installer dans d’autres endroits du corps.

Administrer une chimiothérapie avant ou après la chirurgie ou la radiothérapie permet de tuer ces cellules et de limiter le risque de retour du cancer.

L’efficacité de cette approche a été prouvée grâce à des essais cliniques. Le taux de rechute et la survie de patients ayant subi uniquement une chirurgie ont été comparés à ceux de patients ayant subi une chirurgie puis une chimiothérapie (lorsque la chimiothérapie est administrée administrée après l’acte chirurgical, on parle de chimiothérapie adjuvante). Les résultats ont montré que dans le second cas les patients étaient moins sujets aux rechutes et survivaient plus longtemps.

Quelle est l’efficacité de la chimiothérapie préventive ?

L’efficacité de cette approche dépend du type de cancer et du type de chimiothérapie administrée.

Dans le cas du cancer du côlon, considéré comme à haut risque de récidive après une chirurgie (en raison soit de son étendue soit de cette dissémination aux ganglions lymphatiques), la première chimiothérapie testée avait augmenté le taux de survie à 5 ans de 15 %. Dans le cas de l’administration de chimiothérapie plus intensive, les chances de survie à six ans approchent les 80 %.

On administre généralement ce genre de chimiothérapie pendant une durée de trois à six mois.

Comment fonctionne la chimiothérapie ?

Un grand nombre de médicaments utilisés en chimiothérapie empêche la division des cellules cancéreuses en s’attaquant à leur ADN (le matériel génétique situé dans leur noyau). Pour améliorer leur efficacité, les médicaments ciblant différents sites cellulaires peuvent être combinés.

La chimiothérapie n’est pas sélective, autrement dit elle ne s’attaque pas uniquement aux cellules cancéreuses : elle tue toutes les cellules qui se divisent.

Cependant, dans le cas du cancer, les tissus anormaux contiennent une proportion plus élevée de cellules en division que le reste du corps. Cela signifie qu’à chaque cycle de chimiothérapie une proportion plus importante de cellules cancéreuses est éliminée (en regard des dommages collatéraux subis par les cellules saines).

Les tissus normaux peuvent en outre « récupérer » entre deux cycles.

Quels sont les effets secondaires des chimiothérapies ?

Les effets secondaires des chimiothérapies sont généralement réversibles, et se font sentir dans les parties du corps où les cellules se renouvellent le plus.

Les chimiothérapies perturbent par exemple la production des cellules sanguines. Or, lorsque la quantité de globules blancs est basse, le risque d’infection augmente. La mort des cellules qui compose la paroi de l’intestin se traduit quant à elle par des aphtes, des nausées, des vomissements et des troubles intestinaux. Certains médicaments parfois administrés pendant la chimiothérapie peuvent aussi s’attaquer à d’autres organes, provoquant par exemple un engourdissement des mains et des pieds.

Les chimiothérapies génèrent également des symptômes généralisés, tels que la fatigue.

Étant donné que la chimiothérapie préventive est administrée après que toute trace de cancer a été éliminée par un acte de chirurgie locale, les patients peuvent généralement reprendre leurs activités dans les semaines qui suivent la fin du dernier cycle de traitement.The Conversation

Ian Olver, Adjunct Professsor, School of Psychology, Faculty of Health and Medical Sciences, University of Adelaide
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

Les gros dossiers

+ De gros dossiers