Marine Lorphelin, Miss France 2013 et généraliste s’engage sur #MeToo Hôpital : « L'Ordre des médecins doit être plus tranchant, prendre des décisions radicales et retirer la possibilité d'exercer à certains qui vont trop loin »

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Après avoir affiché son soutien au mouvement #MeToo Hôpital sur son compte Insta, Marine Lorphelin, Miss France 2013, et actuellement médecin généraliste en exercice, raconte en détail sur Brut les violences sexistes vécues lors d’un stage en chirurgie. Elle appelle à une plus grande prise en compte des plaintes par l’Ordre des médecins

Marine Lorphelin, Miss France 2013 et généraliste s’engage sur #MeToo Hôpital : « L'Ordre des médecins doit être plus tranchant, prendre des décisions radicales et retirer la possibilité d'exercer à certains qui vont trop loin »

Marine Lorphelin, Miss France 2013 et médecin généraliste.

© Capture Brut

Elle se souvient encore des remarques sexistes et déplacées reçues alors qu’elle réalisait son stage de médecin, en chirurgie, quand elle avait 22 ans. 

« Dans ce stage de chirurgie, l'ambiance était extrêmement lourde, je me sentais mal à l'aise constamment. On pouvait me faire des réflexions par rapport à ma tenue, si je me maquillais, etc. On me posait des questions sur mon intimité. Toi, tu aimes telle ou telle position ? C'était cette ambiance-là, vraiment très, très désagréable. Je l'ai vraiment mal vécue.” 

A l’époque, il n’est pas vraiment question pour elle de porter plainte, ou même de répliquer, elle prend sur elle, comme de nombreuses jeunes médecins.

« On peut en souffrir, mais on se dit : "Bah ce n'est pas grave, je vais prendre sur moi et puis ça se passera mieux dans le stage d'après »

« On ne se rend pas compte, quand on est au cœur d'un système, qu'il va trop loin. Quand on est à l'intérieur, que ça paraît être habituel, et qu'on tourne tout ce qui se passe à la blague, qu'on justifie sur l'esprit carabin, on ne se rend pas compte que ce n'est pas normal. On peut en souffrir, mais on se dit : "Bah ce n'est pas grave, je vais prendre sur moi et puis ça se passera mieux dans le stage d'après. » 

« Donc on ne sait pas forcément comment réagir face à ça. Et surtout, on n'a pas envie de faire de vagues ni de se faire remarquer, parce que cela peut signifier derrière plus d'heures au bloc opératoire, plus d'heures en stage, une pression avec la possibilité qu'on invalide notre stage en tant qu'étudiant. Donc, ça a quand même un impact potentiellement négatif aussi sur nos études et sur la suite. »

« Certaines jeunes femmes ont arrêté leurs études parce qu'elles ont perdu confiance en elles »

Depuis qu’elle a parlé, Marine Lorphelin reçoit de nombreux témoignages similaires au sien.  « Certaines jeunes femmes ont arrêté leurs études parce qu'elles ont perdu confiance en elles. J'ai reçu pas mal de messages aussi de jeunes femmes qui n'ont pas encore osé parler et qui disaient qu’elles ne pouvaient pas parce qu'elles ont un peu le poste rêvé dans l'hôpital près de chez elles, et qu'elles ne sauraient pas comment faire si elles perdaient leur travail”

https://www.calameo.com/whatsupdoc-lemag/read/005846154e19cf37e1638

Alors la jeune médecin parle et profite de sa notoriété pour essayer de faire bouger les choses : « On a le droit aussi de faire de l'humour, évidemment, mais l'humour, il a ses limites, en fait, quand il impacte les autres négativement. Il faut quand même faire bouger un peu justement les instances de direction, les ordres. Voilà, l'Ordre des médecins, aujourd'hui, il doit être plus tranchant, il doit savoir prendre des décisions plus radicales et retirer la possibilité d'exercer à certains qui vont trop loin. Il y a eu beaucoup cet esprit de confraternité, de : "On soutient les confrères", "on est là pour que nos médecins puissent exercer”. Non, il faut aussi pouvoir être plus tranchant et dire stop quand ça va trop loin. »

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