Nouveau coup de gueule des soignants contre la réforme de l'Aide Médicale d'État

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A l'approche d'une réforme annoncée de l'Aide médicale d'État (AME) pour les sans-papiers, une cinquantaine de sociétés savantes et organisations de soignants s'opposent lundi à toute "réduction" de l'accès au dispositif, qui irait à l'encontre du "principe d'universalité du soin".

Nouveau coup de gueule des soignants contre la réforme de l'Aide Médicale d'État

© Midjourney x What's up Doc

"Nous, professionnels de santé, appelons à nouveau à la défense de l'AME contre toute réduction risquant de dégrader son contenu, et par extension le système de soin", écrivent ces organisations dans une tribune, transmise à l'AFP et au quotidien Le Monde, au moment où des concertations ont lieu sur le sujet entre le gouvernement et divers acteurs professionnels et associatifs.

Parmi les signataires figurent des sociétés savantes notamment de médecine générale, d'urgence, cancérologie, de lutte contre le Sida ou contre les maladies infectieuses, ainsi que des syndicats et fédérations comme Samu-Urgences de France, la conférence nationale représentant les médecins de centres hospitaliers (CMECH) ou la Fédération nationale des centres de santé (FNCS).

Fin janvier, le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé une réforme "avant l'été" et "par voie réglementaire" de l'AME, dispositif qui couvre les frais de santé des étrangers en situation irrégulière présents en France depuis trois mois, sous conditions de ressources.

« Renoncement aux soins » 

Après l'abandon d'une proposition sénatoriale qui visait à remplacer l'AME par une "aide d'urgence" restreinte, Matignon a dit travailler sur la base du récent rapport de l'ex-ministre Claude Evin (PS) et de Patrick Stefanini (LR).

Leur rapport jugeait l'AME "utile" et "globalement maîtrisée", mais proposait diverses "adaptations", dont le resserrement des critères d'éligibilité.

"Les propositions de réduction du champ vont à l'encontre des principes d'universalité du soin, d'humanité et d'indépendance du secteur de la santé", jugent les signataires, "défavorables à toute complexification des démarches administratives", qui aggraverait le "renoncement aux soins".

Le non-recours aux soins de ville "a pour conséquence d'orienter ces patients vers des services d'urgence déjà saturés, et d'accroître les coûts et la pression sur l’hôpital par des prises en soin plus tardives", rappellent-ils.

Ils craignent aussi "que certaines prestations (hospitalisation à domicile, kinésithérapie...) soient soumises à un accord préalable", au risque d'allonger les séjours hospitaliers.

Mais ils saluent certaines idées comme l'informatisation de la carte du bénéficiaire, ou la mise en place d'un "bilan de santé" dès l'arrivée en France.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/ce-que-coute-vraiment-laide-medicale-detat

Depuis sa création en 1999, plusieurs réformes ont réduit "l'accès et la portée" de l'AME, pointent-ils, rappelant que "la consommation trimestrielle moyenne par bénéficiaire reste stable", le dispositif représentant "0,5% du budget de l'Assurance maladie".

Avec AFP

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