EDN – ECOS : La révélation de l'année

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Depuis la rentrée 2023-24, la réforme du 2e cycle (R2C) est entrée en vigueur !
Les EDN (épreuves dématérialisées nationales) ont remplacé les ECNi. Au programme : 4 épreuves de 3 heures chacune, réparties sur 3 jours, que les futurs internes ont passé en octobre dernier. Elles représentent 60 % de la note globale du concours. Des EDN à la fois classantes et validantes, nécessaires pour débloquer la grande nouveauté de cette réforme : les examens cliniques objectifs et structurés (ECOS), qui constituent la partie orale du concours et comptent pour 30% de la note globale, les 10 % restant étant sur dossier.

EDN – ECOS : La révélation de l'année

© DR

Pour la première fois, les étudiants passent à la casserole dès le début de la 6e année. Les EDN ont eu lieu du 16 au 19 octobre derniers, avec une session de rattrapage fixée en janvier pour ceux qui n’ont pas obtenu la note minimale de 14/20… obligatoire dorénavant pour pouvoir être médecin ! Cela concerne 3 % des étudiants cette année.

Parmi les premiers à débriefer les écrits, Gauthier, étudiant à Lille, évoque des questions « pratico-pratiques » basées sur l’interprétation plus que sur la connaissance pure, un changement par rapport aux ECNi a priori. Le jeune homme de 24 ans espère décrocher une place en chirurgie « ORL ou maxillo-faciale, urologie à la rigueur » à Lille l’an prochain. 

Ses camarades regrettent aussi des questions orientées autour de spécialités plus rares et un contenu « pas représentatif du travail d’assimilation fourni depuis des mois ». Ils sont plusieurs à prendre l’exemple d’une question particulièrement déconcertante relative au fractionnement et au dosage des biberons pour bébé. 

Arthur, lillois lui aussi, décrit un sentiment de résignation qui a grandi au fur et à mesure des épreuves. Le jeune homme, qui souhaite devenir anesthésiste-réanimateur, s’en est pourtant plutôt bien sorti, et semble être sur la bonne voie pour pouvoir exercer « la spécialité de ses rêves ». 

« On savait qu’on avait un été à sacrifier, et on était au clair là-dessus » 

Mais le plus dur à gérer pour cette promotion-test, c’est sans doute les incertitudes qui ont perduré jusqu’à un mois avant les épreuves. 

« Être la première promo n’aurait pas été si compliqué si tout avait été fixé à l’avance. Or tous les mois, il y avait une nouvelle info qui tombait », se remémore Rachel, étudiante à Caen et actuellement en stage à Paris. Elle a longtemps voulu faire gynéco-obstétrique, avant un déclic récent pour la psychiatrie. 

Avec un calendrier avancé, la génération EDN a surtout pâti d’un délai de révision plus court que les promos précédentes. Et pour la première fois également, le rapport aux vacances a été complètement bouleversé, nombreux étant les étudiants qui s’en sont privés. « Pour le coup, on savait qu’on avait un été à sacrifier, et on était au clair là-dessus », admet Gauthier. 

Toutefois, les révisions estivales ont eu un sérieux impact sur la santé mentale des étudiants. 

Si comme Anne-Lise, étudiante à Versailles, certains se sont accordé quelques jours de vacances en famille ou entre amis, Wes, lui, a été forcé de mettre en pause ses révisions en plein mois d’août : « pour cause de burn-out ». Le futur cardiologue (on lui souhaite), qui a accroché un très honorable top 1 000, décrit un rythme de révision « malsain » marqué par « des cycles très intenses », qui l’ont forcé plusieurs fois à arrêter pour reprendre au bout de quelques jours. 

Son camarade Arthur se remémore lui aussi un été qu’il ne veut « plus jamais revivre », marqué par des états émotionnels « en dents de scie ». Une période durant laquelle ses journées étaient « rythmées par un tableau Excel ». Rachel n’a pas pris de vacances non plus, quitte à s’autoriser des journées plus allégées. La future psychiatre (environ 6 000e après les écrits, « ça devrait aller » ), s’est armée de fiches Codex* : « Je n’en pouvais plus des Collèges** que je me coltinais depuis le début de l’externat, il fallait que je change de support »

ECOS : le mystère reste entier

Nouveauté majeure de cette réforme, les examens cliniques objectifs et structurés (ECOS), qui se dérouleront en mai, ne s’avèrent pas moins anxiogènes pour les futurs internes que les épreuves écrites. Le délai de 6 mois qui séparent les deux rounds leur confère un sentiment de lassitude, l’impression de tout recommencer : « On doit réapprendre tout ce qu’on a eu plaisir à oublier une fois les écrits terminés », ironise Wes.

Si de nombreuses facultés ont organisé des sessions orales de préparation au cours de l’externat (« environ une dizaine » pour les Lillois), les ECOS restent « un exercice auquel on n’est pas préparé », s’inquiète Rachel. Et la forme que ces épreuves prennent en comparaison des EDN peut être encore plus déconcertante : « Depuis la PACES nous avons été formés à répondre à des QCM, mais avec les ECOS c’est le total opposé : c’est page blanche et tu dois ressortir tout ce que tu connais ». Mais surtout, comme le souligne Wes : « En tant que première génération à s’y coller, on n’a aucune source fiable pour s’entraîner ».

Et pour les 10 % sur dossier ? 

La notation finale comprend aussi le « parcours de l’étudiant ». « Une formalité » selon Anne-Lise, pour qui cette évaluation constitue plus « une manière d’inciter les étudiants à mettre en valeur leurs différentes expériences professionnelles et associatives » qu’un « examen sélectif ». 

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/page/classement-des-chu-articles

Une chose est sûre, la plus grande partie des révisions pour les ECOS se fera sur le terrain « avec les stages ». Une manière on ne peut plus efficace de s’entraîner aux épreuves du printemps, qui mettront en scène nos candidats face à un jury et à des patients standardisés. 

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/video/les-ecos-bonne-ou-mauvaise-idee-les-etudiants-reagissent

Anne-Lise a déjà commencé à s’échauffer avec son groupe d’amis : « On essaie de se voir une fois par semaine pour faire des ECOS entre nous », partage la Versaillaise qui se voit déjà en gériatrie ou en médecine gé. « Puis en ce moment je suis aux urgences, donc mes ECOS, je les bosse tous les jours ! ».

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