La relation médecin-malade sur grand écran

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Pour les réalisateurs friands de révéler les plus secrets huis clos, la consultation médicale est le terrain de jeu idéal. En témoignent les séquences cinématographiques suivantes…

La relation médecin-malade sur grand écran

LA MALADIE DE SACHS

(Michel Deville, 1999)

À voir et à méditer.

 

Pour évoquer la relation médecin-malade, il y a un avant et un après

La Maladie de Sachs, roman-fleuve du charismatique Martin Winckler et transposée ici, sur grand écran dans une interprétation à la fois fidèle et personnelle du très discret Michel Deville. Le film ne se contente pas de disséquer la confrontation entre ces deux personnes qui semblent ne se rencontrer que par nécessité. Les conversations sont minutieusement retranscrites, mettant à nu un langage stéréotypé rempart de ce qui ne peut jamais être dit ni même pensé. Spectateur interdit de notre propre relation professionnelle, on découvre que l’anodin n’est jamais banal, l’émouvant souvent transcendant et la violence toujours féconde.

 

 

TIREZ LA LANGUE, MADEMOISELLE

(Axelle Robert, 2013)

On en raffole !

 

Notre cœur s’emballe pour un film qui, hélas, n’a pas attiré les foules à sa sortie. Tirez la langue Mademoiselle a pourtant de la profondeur, suivant la vie de deux hurluberlus, antinomiques au possible, et en même temps symbiotiques quand il s’agit d’exercer leur métier : la médecine générale. Boris et Dimitri sont frères. Enfants, ils ont accompagné leur mère dans la maladie jusqu’à sa mort, scellée d’un « merci » comme seul testament. Ils ont alors continué à soigner. Ensemble, toujours. À la recherche d’autres « merci », d’autres reconnaissances. Comment grandir quand on ne vit qu’au travers de ses patients ? C’est la question qui traverse le film et nos deux médecins siamois, qui ne pourront s’empêcher de tomber amoureux de la même femme, elle-même mère d’une de leurs jeunes patientes…

Autopsie douce-amère d’un processus de séparation, ce joli film explore sans en avoir l’air les difficultés du généraliste à être soi et présent à l’autre ; à être acteur d’un microcosme tout en étant condamné, de par les secrets dont il est dépositaire, à rester « à côté » ; à chercher sans cesse le bon équilibre dans cette relation complexe où l’on n’est jamais impunément l’égal où l’on n’est jamais impunément en situation d’égal ou d’ascendant pour son patient.

 

 

SUPERCONDRIAQUE

(Dany Boon, 2014)

Coup de gueule : À éviter…

 

Coup de pub, le feu d’artifice promis par Dany Boon est un pétard mouillé construit sur une seule idée, potentiellement magnifique mais magnifiquement sous-exploitée : ce que nous font espérer le générique et les premières minutes du film, un décapage au vitriol de la relation médecin-patient en l’abordant sous l’angle infernal voire délirant de l’hypocondrie. Il n’en est rien, tant le duo est totalement laissé de côté, au profit d’une bluette imbécile et jamais drôle. Le médecin ? Un figurant, un prestataire de services un préjugé bourgeois. Circulez, y’a rien à voir ! Kad, qui n’y croit pas, n’essaie même pas de nous vendre le rôle. Pourtant on espérait plus, tant l’hypocondrie est la situation rêvée pour aborder les dérives de la relation médecin-malade, le patient hantant parfois le praticien jusque dans son lit !

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