Lapins posés par des patients : et s’il suffisait de leur dire combien ca coûte ?

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Les résultats d’une expérience anglaise ouvrent de nouvelles pistes

Lapins posés par des patients : et s’il suffisait de leur dire combien ca coûte ?

Pour énerver un médecin, on a plusieurs solutions. On peut lui parler de sa rémunération. On peut lui parler du tiers-payant généralisé. Et on peut lui parler des rendez-vous non honorés par les patients. Une étude menée en juin dernier par l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) d’Ile-de-France montrait que 94% des praticiens libéraux franciliens étaient victimes d’au moins un « lapin » par jour.

Et c’est un fléau qui est loin de concerner uniquement les médecins hexagonaux. De l’autre côté de la Manche aussi, les patients font trop souvent preuve d’indélicatesse : d’après le « Telegraph », rien qu’à l’hôpital, 5 millions de rendez-vous sont manqués en Angleterre chaque année, soit un sur dix.

Si bien que le NHS (système national de santé) a tenté, sans succès, plusieurs solutions à base de SMS : rappeler simplement aux patients le rendez-vous, leur donner les moyens de l’annuler et d’en prendre un autre, leur dire que leur place pourrait profiter à quelqu’un qui en a besoin… Avec à chaque fois un impact limité.

Il semblerait toutefois qu’une nouvelle approche ait eu des effets plus positifs : en expliquant au patient par SMS, avant qu’il ne se rende chez le médecin, que chaque « lapin » coûte au contribuable 160 £ (environ 220 €), les responsables sanitaires d’un district de l’est londonien ont réussi à réduire le nombre de rendez-vous manqués de près d’un quart. Ces résultats, obtenus lors de deux essais randomisés, ont été publiés dans Plos One la semaine dernière.

Bien sûr, les systèmes de santé français et anglais sont extrêmement différents, et ce qui a marché là-bas ne réussira pas forcément ici. Les auteurs de l’étude disent eux-mêmes que l’une de ses limites est qu’elle n’a concerné qu’un quartier de la capitale britannique.

Mais cela donne tout de même à réfléchir. Car si certains médecins, un temps appuyés par la CSMF, considèrent qu’il faudrait faire payer aux patients les rendez-vous non-honorés, l’étude anglaise montre qu’il pourrait y avoir une manière plus douce de faire appel au portefeuille des étourdis : une technique de chasse au lapin qui aurait l’avantage d’épargner un peu la relation médecin-patient.

Source:

Adrien Renaud

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